Episode 2 : Brésil, Amazone et Amazonie, grandiose !
Introduction
Ce 2ème épisode est très riche.
En premier, j’ai franchi l’Equateur, je suis descendu dans l’hémisphère Sud qui est l’idée fondatrice de ce tour du monde du Sud, c’est avec émotion que j’ai dansé sur l’équateur, hé oui !
L’Amazone est le fleuve de tous les superlatifs, le plus puissant, le plus long, le plus sauvage, le plus riche en limons, … y naviguer pendant 4 jours sur un Ferry-Hamac a été génial. Je ne me suis pas lassé des levers et couchers du soleil et ai beaucoup contemplé. La proximité et la promiscuité 24 heures sur 24 avec les Brésiliens et les Cubains (j’y reviendrai) est au cœur de mon souhait d’être le plus proche des gens, je ne pouvais rêver de meilleures conditions.
La jungle amazonienne, ça évoque des envies mais aussi des craintes. Les symphonies du lever du jour y sont exceptionnelles d’intensité et de diversité. John, autochtone de l’Amazonie, a été un guide très précieux, je l’ai beaucoup observé. Il était distant au début et de plus en plus facétieux à mesure que nous échangions.
En avant !
XjS1G9EH-LM
Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien: https://youtu.be/XjS1G9EH-LM
ou directement ici (passer en mode plein écran) :
La carte interactive est la suivante :
Thème – Lien à la terre – l’exil des cubains
Dès Oiapoque, ville d’entrée au Brésil en venant de Guyane, j’ai côtoyé des Cubains. Au début, je ne l’avais pas repéré mais j’ai été surpris de comprendre des mots et des expressions très éloignés du portugais.
Les quatre jours de bateau de Santana à Manaus, 1250 km sur l’Amazone m’ont fourni une riche opportunité de comprendre leur situation. En résumé, ce sont des exilés, ils vont au Pérou où le statut de réfugié politique leur est promis. Leur condition est triste et elle m’a chamboulée.
Leur manière de parler de Cuba est la même. Ils quittent Cuba complètement désabusés. Ils sont pauvres et y vivent chichement, ils n’ont plus aucun espoir d’amélioration de leur condition, la dictature s’est durcie, le tourisme a subi la pandémie qui a mis en évidence la fragilité de ce secteur, …
Marco (les prénoms ont été modifiés), seul, cuisinier dans la vie et prof de judo “Je vais construire un avenir au Pérou, ma famille me rejoindra dès que possible”.
Junior, dans le tourisme, “les pourboires me faisaient vivre, je n’ai plus rien depuis le Virus”
Une famille, la grand-mère, son fils, sa petite-fille de 18 ans partent, la jeune grand-mère pleine d’enthousiasme qui m’a semblé surjouer peut-être pour galvaniser sa famille, “ils vont adorer ma cuisine au Pérou, toute l’équipe est prête pour ouvrir un petit restaurant”.
Lydia, docteur à Cuba, “en tant que médecin, je gagne $5 par jour”.
Au moment du (rapide) coucher du soleil, les visages se font plus sombres, leurs familles leur manquent. Comme ils disent, « la maison c’est la maison ».
Junior, avec qui j’ai le plus sympathisé, m’a confié être inquiet d’éventuelles représailles pour sa famille.
A Santarem, nous étions les 32 passagers cubains et un Français (moi) dans un petit rafiot tout pourri qui nous a transbordés d’un ferry à l’autre, les Cubains plutôt bruyants habituellement se sont tus, les regards étaient tristes, agars pour certains. J’ai de l’empathie pour eux.
Même si j’aurais aimé les interviewer avec ma caméra et prendre des photos, je ne l’ai pas fait, plusieurs m’ont dit être inquiets de potentielles représailles pour leurs familles.
Thème – Médecine traditionnelle : les richesses de la jungle
La jungle est une pharmacie à ciel ouvert, sa pharmacopée incroyable longue riche )
Tous les 10 mètres un arbre, une plante, parfois un animal produit une substance qui soigne. Les plus classiques sont les décoctions pour les diarrhées, la toux, les plaies. Des tubercules sont très bonnes pour les dents, d’autres pour les yeux. Au rayon des cosmétiques, la poussière agrégée par les termites sur les arbres est, paraît-il, un excellent masque de visage. Plus délicat et subtil, les anti-venins, que seuls quelques initiés maîtrisent. Toutefois, il ne semble pas qu’une alchimie miracle soit à même de combattre les moustiques qui sont la plus grande gêne y compris pour les autochtones.
Ce sont plus d’une cinquantaine de plantes qui m’ont été montrées pendant les 4 jours. Je suis incapable d’en faire le recensement, j’ai été complètement perdu dans les noms qui leur sont donnés. John les nomme dans sa langue indigène, Franck (guide anglophone, allogène) en portugais avec parfois une traduction en anglais et personne n’avait le nom français. Amis botanistes, sans doute que le travail de recensement a été fait avec des noms latins mais il y a du travail à faire pour la vulgarisation.
Il a été question de guérisseurs, de matrone, voire de chamans, mais il m’a été difficile de comprendre comment la médecine traditionnelle et celle scientifique cohabitaient. De ce que j’ai compris, ils mixent les deux médecines. Par exemple, John m’a dit que Dora, sa fille de 3 ans, était née à Manaus (à 3 heures de sa maison sur le bord du fleuve) et qu’ils utilisait des herbes tous les jours.
Au fil de la découverte
Oiapoque : village frontière côté Brésil, la traversée se fait en pirogue. La poste frontière est nécessaire, la ville ressemble à ces scènes de western avec la chaleur (37°), le vent, la poussière, …
BUS Oiapoque – Macapa : avec Lise et Marine (voir épisode 1) nous avions entendu un vieux de la vieille de Guyane qui nous avait dit avoir vu un assassinat d’un chauffeur de 4X4 qui n’avait pas voulu tout donner aux pirates, je n’étais que moyennement rassuré. Bon en fait plusieurs partent tous les soir avec 50-60 personnes à bord et le voyage est tranquille.
Macapa : est une petite ville posée sur sur les bords de l’Amazone, c’est aussi là que ce croise l’Amazone et l’équateur.
Equateur géographque – Latitude 0° : la vidéo témoigne de mon excitation. Pour ceux qui ne l’aurait pas vue, la danse du méridien a été inventée par François Remodeau un ami de Tours qui a tracé un chemin qui suit le méridien de Greenwich (longitude zéro). C’est une première mondiale. Je vous invite à consulter son blog (http://escapadez-vous.blogspot.com/), au moment où j’écris ces lignes, il vient de repartir pour terminer la partie espagnole. La danse est sur la vidéo méridien à https://youtu.be/4xD5iZ12Lz0?t=286.
Fleuve Amazone : J’en ai fait un résumé, disons qu’il est très large, très marron, assez délicat à naviguer. Ligérien (habitant des bords de Loire) assidu (je vais la saluer une à plusieurs fois par semaine) je vois parfois des bords de Loire sur cet Amazone. Pour une part, c’est le travail de l’homme, mais, il me semble aussi que c’est le fruit de deux fleuves très sauvages. Il y a même des aigrettes, bon ici elles font le double de taille. Il y a de la vie sur les bords du fleuve, les abords en sont en partie cultivés. Les dauphins y sont fréquents. Le transport de voyageurs et de marchandises y est important, la route Belem (rive droite) – Manaus fait 300 kms. J’y ai rencontré Sami un jeune français dans un mode de voyage frugal-minimaliste. Il a fait la traversée de l’Atlantique à la voile et, en ce moment, fait du stop au Brésil. Nous nous sommes enrichis de nos points de vue, une bien belle rencontre,
Ferry de Santana à Manaus : Ce sont 4 jours et 3 nuits de navigation. Une vie quotidienne avec les passagers à grande majorité brésilienne et cubaine (voir ci-dessus). Il n’y a que 2-3 cabines (en tous cas sur les deux ferrys que j’ai emprunté). La grande majorité dort en hamac, quelques uns dorment à même les ponts.
L’ambiance m’a beaucoup rappelé le Transibérien (en Russie, de Vladivostok à Moscou), moyen de transport des gens qui n’ont pas les moyens de se payer l’avion, promiscuité, partage de la vie quotidienne, monotonie d’un paysage auquel on est scotché, …
J’ai regretté de ne pas avoir transposé le projet photographique du Transibérien, ça me fera une bonne raison d’y retourner.
NB : j’ai eu réduction de 50% du billet du bateau car j’ai 60 ans. C’est ma première réduction liée à mon grand âge. J’avoue ne pas avoir bien compris pourquoi une telle réduction à partir de 60 ans.
Manaus : J’ai marché de bon matin dans Manaus. Les rues étaient embouteillées, je suis passé devant un bureau d’aide sociale oú les corps étaient cabossés et la queue était déjà longue pour la pitance de midi.
Et puis le soleil est arrivé et a redonné une atmosphère moins lourde. Les différents marchés sont riches. Je n’ai pas aimé l’architecture coloniale, je la sens comme un balafre laissée là par nous occidentaux.
Jungle amazonienne : WOW ! J’ai beaucoup observé et suivi John. Nous avons exploré la jungle, installé les bivouacs, cuit les dîner, visité une famille, fait sortir des mygales de leur nid, jouer à Tarzan avec les lianes, échangé de plus en plus au fil du temps, et rit de ses facéties et de mes blagues.
Merci beaucoup à John, son père (le chasseur), son frère.
Clin d’œil à des amis : l’agouti était succulent !