TdM – Afrique – Kenya

Episode 6 : Kenya – Marathons, Grand Rift, Nairobi.

Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien : https://youtu.be/8d8lieDeqi4
ou directement ici :

Préambule

Cet article et la vidéo se complètent, l’un donne des clefs de compréhension, l’autre donne à voir et permet, j’espère, de se laisser porter par l’atmosphère.

Synthèse

Je me suis senti très bien dès mon arrivée au Kenya. Est-ce le fait d’avoir longuement conversé avec Alice dans un anglais « normal », d’être tranquille dans le bus, d’avoir passé la frontière Tanzanie – Kenya sans soucis, je ne sais.

La superficie et la population sont assez comparables à celles de la France. Nairobi, la capitale, héberge environ huit millions d’habitants ou de travailleurs. Les va et vient des moyens de transports sont impressionnants.

La Skyline de Nairobi est celle qui m’a le plus impressionné dans cette saison 2. Les grands immeubles sont assez récents et on sent un pays en plein développement. Le cœur de la ville est un incessant tumulte que j’ai côtoyé avec envie et curiosité.

De visiter les camps d’entrainement au marathon et de faire une boucle sur la « Kamariny Track » où s’entrainent les meilleurs marathoniens du monde a été un grand moment. C’est aussi une belle leçon que de constater qu’ils s’entrainent dans des conditions très très minimalistes et accomplissent des performances sans égal.

J’étais très impatient de découvrir le Grand Rift qui grave le territoire de cette partie de l’Afrique de l’Est. J’ai été comblé, que ce soit à Eten ou au Mont Longonot.

Enfin, la danse de l’équateur a été le point final de cet épisode 6 et aussi de cette saison 2 Afrique de mon tour du monde de l’hémisphère Sud. La saison 3 est prévue pour début 2025.

C’est parti ! @marclegroux

Thème – Peuples premiers

La question est vite résolue ici au Kenya. Il est rappelé à qui veut bien le l’entendre que l’Afrique est le berceau de l’humanité sur notre terre !

Pour rappel, en 1974, Lucy, vieille de 3,2 millions d’année a été découverte en Éthiopie par Yves Coppens – paléontologue français. Il ne fait donc aucun doute que les peuples premiers du continent sont africains.

Les fouilles archéologiques ont mis en évidence un peuplement de l’Afrique australe depuis plus de 40 000 ans. Les Sans sont les premiers habitants du pays. Ils ont été chassés par la Bantou, comme au Zimbabwe.

Ici aussi, les sites archéologiques témoignent de l’existence ces Australopithecus, des Homo Habilis, des Homo Erectus et, enfin, des Homo Sapiens. Les plus anciennes traces d’homo sapiens.

Le « National Museum of Kenya » de Nairobi est passionnant. En particulier la « Hominid Room » où sont exposés, dans de beaux écrins, les crânes de nos ancêtres vieux de plusieurs millions d’années. Je citerai en particulier le « KNMT-WT 1500 – Homo Erectus – Turkana ou Nariokotome boy » daté de 1,6 million d’années qui est le plus proche de nous, les homo-sapiens.

Niveau de développement

La population est d’environ 57 millions d’habitants (estimation 2023) pour une superficie de 580 367 km2. C’est le 7ème pays le plus peuplé d’Afrique.

Le Kenya exporte de nombreux produits agricoles, de la canne à sucre, du thé, du maïs et des fruits exotiques. L’industrie est en devenir. Le Kenya ne possède quasiment pas de ressources minières. Diverses activités de services sont en place depuis de nombreuses années, comme le tourisme de safaris et, plus récemment, des services tertiaires comme les services informatiques.

Il est important de souligner que l’anglais est la langue officielle du Kenya. Ill est parlé par environ 80% de la population.

Des partenariats ont été signés avec l’Union européenne pour renforcer les liens avec ce pays en croissance.

Suivant l’indice IPM – Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) (voir https://www.donneesmondiales.com/pays-plus-pauvres.php), le Kenya est classé à la 20ème place des pays les moins développés, pour rappel, Madagascar est à la 5ème place.

Suivant l’indice de Gini de mesure du niveau d’inégalité, le Kenya est à la 50ème position, donc à un niveau avancé de partage des richesses pour un pays de ce continent.

Verbatim

Tout au long de ces semaines au Kenya, j’ai noté des expressions et remarques captées au fil des rencontres :

  • Ici comme depuis le début de cette saison 2 du tout du monde, il n’y a d’écrit que les traces pariétales et les sculptures sur bois, pour le reste, la mémoire est orale.
  • Ici, la main d’œuvre est plus chère, le chauffeur de bus se la joue solo, il conduit, décharge les paquets, nous guide au poste frontière, …
  • Ici aussi la plupart les grands hôtels 5 étoiles ont fermé pendant le Covid et n’ont pas rouvert.
  • Ici, comme dans toutes les grandes villes d’Afrique, il m’est fortement déconseillé de m’aventurer seul dans la ville la nuit, c’est frustrant mais j’en ai pris mon parti.
  • Ici, 80% des gens ont des notions d’anglais, que c’est agréable de pouvoir converser avec quasiment tout le monde.
  • Ici, je retrouve l’art de la palabre, ça me permet de tenter l’impossible et ça semble plaire à mes interlocuteurs.
  • Ici, des herbages sont clôturés et certaines vaches ressemblent beaucoup à des Holstein qui auraient quelques gènes de lilliputiens.
  • Ici, on ne fume pas dans la rue.
  • Ici, on ne photographie pas les bâtiments gouvernementaux, les attentats Al-Qaïda ont laissé des traces dans les esprits et les règles de sécurité sont draconiennes.
  • Ici on applaudit le sermon de l’évêque.

Au fil de la découverte

Nairobi

La Skyline de Nairobi m’a fait forte impression quand je suis arrivé. J’y ai vu beaucoup de beaux immeubles et, ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’ils me semblaient assez récents.

La ville est dans un schéma en quadrilatère comme la plupart des capitales visités au-cours de cette saison 2.

La vie y est intense du matin au soir. Plusieurs interlocuteurs m’ont cité le nombre de huit millions de personnes vivant ou travaillant à Nairobi, ce qui est énorme dans une ville dépourvue de métro. Le ballet des bus de ville, des motos, des taxi-brousses, des bus au long court est impressionnant. La place centrale des transports est un spectacle à part entière.

J’ai fait un tour guidé de la ville pour en découvrir des endroits secrets et aussi les bâtiments officiels qu’il est interdit de photographier ou filmer.

Le marché central est fort bien décoré. Il est très calme, il n’y reste plus que les bouchers, les fleuristes et les nombreux vendeurs d’artefacts en bois, en particulier de masques.

J’ai assisté de la rue à la prière du vendredi à la « Jamia Mosque », la plus grande du pays. Il y a environ 15% de musulmans au Kenya. Et, par souci œcuménique, à la messe de Pâques à la « Cathedral Basilica of the Holy Family »x (Cathédrale de la Saint-Famille) de Nairobie. Il y a environ 60% de chrétiens au Kenya. La cérémonie a été longue, trois heures, fort animée par des chants et danses et remplie de ferveur. Sauf peut-être pour les plus jeunes qui s’ennuyaient ferme.

La vue du haut de la tour « Kenyatta International Convention Centre » est à 360°. Elle offre un point d’observation privilégié sur la grouillante capitale. De nombreux scolaires venus de villages y découvraient un monde complètement nouveau pour eux.

Eldoret

La première impression est la douce fraîcheur du lieu, comprenez, pas une chaleur écrasante. Nous sommes à environ 2160 mètres d’altitude sur les fameux plateaux Kényans de l’ouest du pays, dans l’une des branches de la célèbre vallée du Grand Rift.

La petite ville est organisée sur la route nationale qui la traverse.

Je suis arrivé ici par bus confort, 6 heures de tranquillité, à lire, rédiger ce blog, rêvasser en se laissant bercer par la musique et un paysage de basses forêts monotones.

La conversation s’est facilement engagée avec plusieurs passagers. A l’étape, nous avons partagé la table, avons devisé et échangé quelques produits locaux sortis du sac.

Exceptionnellement, j’ai réservé une chambre chez l’habitant, une sorte de Airbnb. Le premier coup d’œil est flatteur, c’est récent. Au quotidien, ça fonctionne plus ou moins : le débit de l’eau est variable, l’électricité peut être capricieuse, les placards à ustensiles de cuisine sont quasi vides, la porte principale baille à en arracher les gonds, la serrure de l’espace sanitaire a disparu. Mais l’immense écran plat est connecté à YouTube, Netflix, …

Ça me rappelle cette expression de José en Argentine « ici, rien ne fonctionne bien » et la variante complémentaire « En France, tout fonctionne bien mais on s’ennuie ferme ».

Le logement est loin du centre-ville et je n’ai pas d’autre option que le taxi-brousse ou la moto (en passager) qui est très pratiquée ici.

Iten : le Temple des marathoniens

Iten est une petite ville de 8000 habitants située sur les fameux haut-plateaux Kenyans, à l’altitude de 2400 mètres. Iten est mondialement connue pour être la plus célèbre ville d’entrainement au marathon du monde. De nombreux champions et championnes internationaux y sont venus ou y viennent se préparer, citons Eliud Kipchoge, Wilson Kipsang ou Mary Keintay…

De nombreux camps d’entrainement ont été créés. J’en ai visité deux pour y prendre quelques images. A n’en point douter, des lectrices ou lecteurs seront intéressés par un séjour en vue d’un marathon.

Il y a des chemins et routes de course tout autour de la ville et dans la ville, des arches portails, panneaux qui marquent la vocation de la ville. Les centres y mettent sous cloche les coureurs pour des séjours de plusieurs semaines dans un rythme bien réglé. Les niveaux des coureurs sont très variables ; de 2h15 au marathon à 5h00. Chacun se débrouille avec son plan d’entraînement, des coachs dédiés dans les camps sont à disposition et rien n’empêche chacun de solliciter les coureurs les plus expérimentés.

J’ai couru quelques tours de pistes dans le fameux « Kamariny Stadium ». Ce stade a été inauguré en 1958 par la reine Elizabeth II.  La piste « Kamariny Track » est célèbre, il faut en faire quatre fois le tour pour courir un mile impérial. Cette piste est très basique, à côté, la piste où je cours régulièrement en France, est flamboyante. Ici, il n’y a qu’un anneau, de la terre battue, pas de marquage de distances ou de lignes.

Et pourtant, c’est ici que s’entraînent les recordmans mondiaux du marathon. IIs viennent ici les mardis et les jeudis, en fin de journée. Ils donnent la chair de poule à tous les coureurs stagiaires qui sont béats d’admiration.

Le Mont-Longonot

Le Mont-Longonot est un volcan qui fait partie de la longue chaine du Grand Rift. Il est situé plus au sud-est de d’Iten et Eldoret.

La caldeira est presque parfaitement circulaire, il culmine à 2 776 mètres. Son cœur est verdoyant est quasiment plat. Il ressemble beaucoup au cratère du Ngorongoro (voir l’épisode 4) mais avec beaucoup moins de faune. Je n’y ai vu qu’un troupeau de zèbres et d’élans.

L’entrée du parc national est réglementée et nécessite un permis dont l’obtention est est longue.

La montée jusqu’au bord du cratère est pentue mais il n’y a que 400 mètres de dénivelé positif d’un chemin bien tracé. Beaucoup de groupes scolaires ou de jeunes en congé viennent gravir ses pentes pour accéder à la vue sur le cratère. L’ambiance y est joyeuse.

Le sentier qui fait le tour complet du cratère est plus technique et très peu pratiqué. C’est une deuxième partie plus calme et bucolique. Les vues sur le Grand Rift du sommet, 2780 mètres du chemin de ronde sont très intéressantes. Les nombreux plis volcaniques sont harmonieux, ils font penser aux drapés des tableaux et sculptures de la renaissance.

Redescendu à la porte d’entrée, j’ai longuement discuté avec l’un des rangers qui était très intéressé par mon séjour en Afrique du Sud. Il y avait vécu et nous avons partagé nos avis convergents.

L’équateur géographique

L’ultime étape de cet épisode 6 a été la traditionnelle danse de l’équateur. J’ai cherché un bâtiment « Ecuador » indiqué sur la carte que j’avais avec moi. Je ne l’ai pas trouvé. En revanche, ces pérégrinations m’ont amené à visiter une école rurale, à traverser des cultures et à croiser des élevages bovins.

Finalement, je suis allé sur la route où deux panneaux matérialisent l’équateur géographique.

Il convient de noter qu’Eldoret et Iten sont dans l’hémisphère nord. J’ai donc enfreint de quelques dizaines de kilomètres ma règle de rester dans l’hémisphère sud. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop.

Aidé par un chauffeur routier qui faisait une pause « sortie étoiles » (voir épisode 5), et avec émotion, j’ai dansé de part et d’autre de l’équateur.

A très bientôt pour la saison 3 de ce tour du monde de l’hémisphère sud, sans doute à partir de début 2025 et pour 3 mois.

Merci à Lise Cailleteau pour sa relecture.

Marc @marclegroux.

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