Episode 3 : Contrasté, Brésil – Rio de Janeiro & Argentine – Buenos Aires !
Introduction
Ce 3ème épisode est double, il raconte la découverte de deux mégapoles, Rio de Janeiro au Brésil puis Buenos Aires en Argentine. Le tango dont Buenos Aires est le berceau mondial a été une découverte inattendue et très riche.
Ha, Rio, j’y est vu un incroyable métissage, et est ressenti de l’énergie, de la galère, du fourmillement, de l’âpreté, du délabrement et une humanité particulièrement bienveillante. Et j’ai découvert un vrai espace de respiration – un parc national, forêt tropicale – au coeur de la mégapole.
Contrairement à Rio de Janeiro, la population se répartit entre les autochtones (Indiens) et les Blancs. Buenos Aires est une synthèse entre des villes européennes et des villes d’Amérique du Nord du siècle dernier. C’est une ville au passé très riche et qui est bien entretenue. L’économie du pays n’est pas au mieux, la spirale de la dévaluation (baisse énorme de la valeur du Pesos Argentin) fait beaucoup de tort aux plus mal lotis et aux classes moyennes, en témoignent les nombreuses manifestations. C’est aussi le berceau mondial du Tango que j’ai découvert avec plaisir.
En avant !
Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien: https://youtu.be/mltMJOjpfAk
ou directement ici (passer en mode plein écran) :
La carte interactive est la suivante, attention il faut zoomer sur les deux villes :
Thème – Lien à la terre : désorentiation
Je dois vous l’avouer, j’ai perdu le Nord.
Hé oui, depuis 60 ans, le soleil est pour moi au Sud, ici, “ils l’ont mis au Nord” si vous m’accordez cette familiarité. Comment voulez-vous que je m’y retrouve !
Bon en l’ayant en tête, le soleil au Nord, c’est pas si compliqué à intégrer.
Mais le mal est plus profond, il semble bien que mes facultés d’orientation neuronales soient perturbées.
Je me suis penché sur quelques articles, de ce que j’ai lu et compris (ce qui fait peu), l’hippocampe du cerveau, impliqué dans la mémoire et l’orientation pourrait être embrouillé. Pour illustrer, je ne compte plus le nombre de fois où, instinctivement, j’ai pris une voie dans le mauvais sens. Pascale (Mme Tango) m’a confié avoir ce symptôme de difficulté d’orientation alors qu’elle vit dans l’hémisphère sud depuis plus de 15 ans.
Bien sur, ça ne trouble pas l’orientation pratique pour aller d’un point a à un point b dans une ville comme Buenos Aires taillée à angles droits et blocs.
Ce serait super si un lecteur (Guy C. ?, autre …) de cet article pouvait approfondir la question suivante : « est ce que les facultés d’orientation sont durablement perturbées quand on passe d’un hémisphère à l’autre ou est-ce juste le temps d’une adaptation ?»,
Thème – Médecine traditionnelle : les richesses de la jungle
Je n’ai pas pu développer ce thème, ni à Rio où mon contact s’est avéré très fuyant ni à Buenos Aires.
Au fil de la découverte de Rio de Janeiro
En premier lieu et pour faire le lien avec la Guyane, le niveau de métissage du Brésil, en tous cas de Rio de Janeiro, me semble encore plus élevé qu’en Guyane. Ce métissage vient de nombreuses générations et le panel des morphotypes est incroyablement étendu, je n’en ai jamais vu autant. Toutefois, il convient de noter que les morphotypes asiatiques sont peu représentés.
Pour rappel, Rio de Janeiro a été la capitale du Brésil jusqu’à 1960. C’est une mégalopole étendue de 12,6 millions d’habitants construite entre la mer et les monts (dont les pains de sucre) tous proches.
Rio, je le répète, j’y ai vu un incroyable métissage, et ai ressenti de l’énergie, de la galère, du fourmillement, de l’âpreté, du délabrement et une humanité particulièrement bienveillante.
Pour l’énergie, la musique est omniprésente, la danse instinctive et communicative, la parole facile.
Pour la galère et le délabrement, oui ils sont très présents. Je me suis auto-censuré sur les photos-vidéos et en conséquence je donne peu à voir dans ce domaine. Je ne sais pas et n’ai pas envie d’esthétiser la misère. Sébastien Salgado en est un spécialiste qui pourrait m’inspirer mais ça ne me convient pas. De même il serait tentant de faire une galerie de portraits des nombreux travestis croisés la nuit venue, certains.nes m’ont même sollicité.es pour une prise, j’ai esquivé.
J’ai beaucoup marché et circulé en bus et métro dans Rio de Janeiro. Sylvain W. m’avait préparé une petite liste comportant de petites pépites.
Je passerai rapidement sur les sites très touristiques. El Pão de Açúcar est un belvédère où la vue sur la baie de Rio est très belle et nous rappelle des souvenirs de films et photos. J’ai pris plaisir à découvrir la classe moyenne Brésilienne en tourisme. La plage de Copacabana est longue le sable y est fin et j’ai eu la chance de la découvrir avec Juan Carlos, un ingénieur argentin rencontré dans le bus, qui avait la même excitation que moi de fouler pour la première fois la plus belle plage du monde. La visite du site du Christ Rédempteur a été une catastrophe, la cohue a enlevé tout charme au lieu.
J’ai beaucoup apprécié le vieux quartier de Santa Térésa que ce soit de jour ou de nuit. Samuel D., m’a rappelé dans un commentaire qu’il ne fallait pas que j’oublie la photo, merci à lui, nous lui devons la série des photos de nuit dans le quartier de Santa Theresa. J’ai kiffé grave d’y passer une partie de la nuit à attendre des « instants décisifs » dans des cadres composés (clin d’œil aux potes photographes).
Le Parc national de la Tijuca est accessible en bus du centre de Rio en 20 minutes, c’est une jungle riche et très protégée. J’y ai passé une journée complète quasi solitaire, sans autre musique que celle des oiseaux, ruisseaux, pluie, … une salvatrice respiration qui m’a ressourcé.
Au fil de la découverte de Buenos Aires
Pour rappel, la métropole de Buenos Aires est de 13 millions d’habitants, c’est la capitale de l’Argentine.
Buenos Aires est une ville très agréable et facile à vivre pour un voyageur. Il est facile de trouver ses repères à Buenos Aires, le plan de la ville a été tracé à angles droits, beaucoup de beaux monuments jalonnent la ville, l’océan et de large avenues délimitent les espaces. D’intéressants musées, souvent gratuits, s’offrent à de belles découvertes et les quartiers sont typés. J’arrête là mon introduction “guide de voyage”.
La Plaza de Mayo (Place de Mai) est un site central de Buenos Aires. Des mères / grand-mères perpétuent la mémoire de leurs enfant disparus pendant les années 1960 de dictature. Leurs revendications sont fortement sociales. Sur une semaine, j’ai croisé presque tous les jours des manifestations ou la question du pouvoir d’achat et d’égalité semble au coeur du mal être. Il a noté qu’à ce sujet, l’inflation est terrible ici, pour 200€, j’ai récupéré 5 centimètre de billets Pesos Argentins.
Je retiens que l’histoire racontée à Buenos Aires démarre avec la période coloniale, que les peuples premiers, leur mode de vie, leur art et culture sont cantonnés dans le Musée Ethnographique Juan B. Ambrosetti. Cà m’a aussi surpris voire choqué au Brésil, les musée nationaux occultent vraiment beaucoup la période pré-coloniale. A Rio, l’hôtesse du musée “Museu Historico Nacional” m’a dit que les quelques petites salle réservée aux peuples premiers étaient en rénovation. Dans le même type de musée à Buenos Aires, l’hôtesse m’a dit qu’il avait deux artéfacts qu’elle n’a pas réussie à me trouver dans les salles d’exposition. Rassurez-vous, ces échanges ont été très aimable et cordiaux mais au fond de moi même j’étais contrarié par cette injustice envers les peuples premiers.
Ce désagrément passé, peinture, sculpture, histoire, vie quotidienne, … sont largement exposés.
J’ai aimé le vieux quartier populaire de San Telmo (dont Chantal m’avait fait une description savante), plutôt en semaine que le dimanche où il est très prisé des Argentins. De vieux cafés ou des argentins âgés ont leurs habitudes, un marché de quartier couvert, une vie de quartier calme.
J’ai réglé dans la bonne humeur de petits détails comme acheter un thermomètre et des bouchons d’oreille, faire réparer mon pantalon de randonnée, me faire raser la barbe.
Et pour conclure, je vous glisse deux vers de Borges tirés d’un poème où il cherche en vain à retrouver les origines de la ville « Pas de commencement possible à Buenos Aires. Je le sens éternel comme l’eau, comme l’air ». Merci à Jean-Luc R. pour cette citation.
Au fil de la découverte de Buenos Aires – le Tango
La découverte du Tango a été guidée par Chantal B. et Pascale Coquigny Ambassadrice du Tango à Buenos Aires. Dès le premier soir de mon arrivée, un samedi, je suis allé dans une salle de danse de tango, une Milonga, et ai observé. Comme le dit Pascale dans son interview, il y à tous les soirs sur Buenos Aires plus d’une trentaines de Milonga dans des styles très variés ; classique, alternatif, technique, mondain, …
Pour un néophyte, la première impression est la sophistication des “pas de danse”, puis vient la symbiose entre les corps et pour certains styles de danse, une grande langueur . Le cérémonial des tables, chaises autour de la piste, du choix par l’homme de sa partenaire, … rappelle les bals de village de où se sont rencontrés mes parents il y a plus de 60 ans.
Le nom de Carlos Gardel est à connaître absolument pour ne pas passer pour un ignare (j’en sais quelque chose).
C’est le papa créateur du Tango vers les années 1898, dans les quartiers les plus mals famés de Buenos Aires, des hommes déracinés un peu tristes vont danser entre aux puis avec les prostitués et vont créer le Tango. Carlos Gardel en sera le porte étendard avec une voix incroyable, des qualités d’homme de saine et, dit-on, un physique à faire frissonner les plus indifférentes. Ses oeuvres sont inscrites aux patrimoine de l’Unesco.
Le tango s’est étendu de par le monde et est devenu une danse “universelle”.
Point plus personnel après un mois et demi de voyage
He oui, déjà un quart du temps de voyage sur les 6 mois prévus. J’en profite pour répondre à vos questions, mes chers lecteurs.
Il est plaisant de rencontrer beaucoup de gens bienveillants, prêts à m’aider pour trouver mon chemin, un commerce, le bus dans le bon sens, … Même au Brésil ou l’Espagnol est peu compris, mes interlocuteurs ont été patients et attentifs. Les discussions s’engagent facilement dans la rue, les transports, les commerces, les auberges de jeunesse. C’est bien sûr encore plus agréable en Argentine où ma maitrise de l’Argentin (Espagnol localisé) est meilleure que le portugais Brésilien.
Le temps s’écoule plus calmement que chez nous. Peu de gens manifestent de l’empressement et les files d’attente : loterie, banques, cinéma, … sont calmes. Bien qu’il y ait des flux de voiture impressionnants, les klaxons sont rares.
Des fois tout de même, je me demande bien pourquoi ça prend autant de temps.
Bon, j’ai du mal avec la nourriture. Le sucre est partout, par exemple systématiquement dans le café au Brésil. Les sandwiches sont briochés. Les fruits, même locaux, sont chers et jamais servis dans les café ou les restaurants, … Je compense en faisant mes courses pour le petit-déjeuner que je me prépare moi-même. Ça ne me regarde pas mais je suis sidéré de la consommation de soda des Brésiliens.
Je me régale des « cafétéria au kilo » qui présentent des buffets très garnis de légumes, crudités, salades, féculents, poissons, viandes, … et que l’on paye au kilo. J’y trouve toujours mon compte.
Le bruit est partout. La majorité des conversations au téléphone se font avec haut parleur, tout le monde en profite. Tout le monde semble s’en accommoder. Bien sûr, pour se parler, tout le monde parle fort. Il y a souvent plusieurs sources de musiques différentes dans la même pièce, … Les Brésiliens sont les plus « doués » dans le domaine. J’ai acheté un autre paire de « tampon d’oreilles ».
Ma santé est globalement très bonne. Toutefois, un très gros rhume m’a pris à la fin de Rio et m’a accompagné à Buenos Aires. Il a mis en évidence qu’en voyage solitaire, il faut un paquet d’énergie et d’enthousiasme supplémentaire pour continuer de découvrir.