Episode 6 : Patagonie au fil de la Route 40 – Glaciers, Capitale du Trekking, Vie rurale
Introduction
Ce 6ème épisode suit la légendaire Route 40 dans la partie Patagonienne, c’est à dire de la frontière avec le Chili jusqu’à Mendoza (célèbre pour son vin).
Pour rappel, la Route 40 (Ruta Nacional 40) relie le sud de l’Argentine au Nord soit 5194 km, oui, vous avez bien lu, 5194 km dans un axe largement Nord-Sud. C’est un trait d’union pour l’ensemble de l’Argentine qui est largement parcouru par des « Bus ». Ces « Bus » sont en fait des cars confortables empruntés par les Argentins pour circuler dans le pays pour des trajets de dizaines d’heures (à ce jour, mon maximum est de 19 heures consécutives).
La route 40 constitue en elle-même un centre d’intérêt, elle à la fois très monotone et il s’y passe toujours quelque chose, un « truc » du genre, « tu restes collé à la vitre sans trop savoir pourquoi ».
Au fil de cette route et de quelques écarts, vous découvrirez des glaciers, notamment le Perito Moreno le plus accessible mais aussi quelques autres moins célèbres. Vous vous arrêterez dans la capitale argentine du trekking, j’ai nommé El Chalten, et son célèbre Fitz-Roy tout en granit qui culmine à 3405 m..et vous découvrirez quelques-unes des nombreuses randonnées.
En remontant, vous serez ébahis par la « Cueva de los Manos » (la grotte des mains) qui est en pleine air et qui est du même niveau d’intérêt préhistorique que les grottes Lascaux ou Chauvet. La qualité de conservation à l’air libre est impressionnante et permet une visite en lumière naturelle. La visite est très émouvante, les mains sont presque vivantes même si elles ont entre 9000 ac et 2000 ac..
Enfin, et c’est pour moi le point d’orgue de cet épisode, j’ai partagé pendant 2 jours le quotidien de José un Gaucho (gardien de troupeau) qui vit au milieu de la steppe. Nous avons fait beaucoup de cheval, y compris à la seule lueur de la lune, beaucoup échangé, très bien mangé et ri de quelques situations cocasses. MERCI beaucoup à José.
Hà j’oublias, il y a une surprise vers la fin de la vidéo … vous m’en direz des nouvelles.
Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien: https://youtu.be/DxId73Cviy4
ou directement ici (passer en mode plein écran) :
La carte interactive, ZOOMEZ :
Thème – Lien à la terre : Les peuples premiers de Patagonie
Pour rappel de l’épisode 4 sur les peuples premiers de la Terre de Feu, l’histoire des autres peuples de la Patagonie est un peu différente et la fin en est moins triste.
Non pas que les Espagnols aient été moins brutaux mais les conditions de vie moins difficiles qu’en Terre de Feu et les besoins des colons en main d’oeuvre ont évitées le génocide. Pour ne citer qu’un exemple, José, le gaucho avec qui j’ai passé 2 jours, est de l’ethnie des Tehuelche qui perdure.
Vous verrez dans la vidéo les formidables traces préhistoriques du site de la Cueva de los Manos qui valident une intense activité des peuples premiers entre les années 9000 ac et 2000 ac. Ces peuples avaient une organisation sophistiquée en symbiose avec leur environnement même s’il était rude et immense. Le guanaco, un lama non domestiqué, endémique da la Patagonie et très bien adapté à son milieu était au centre de leur vie pour la nourriture, les peaux. D’autres animaux apportaient des compléments notamment en graisse.
Il est intéressant de savoir que le site de la Cueva de los Manos est un canyon où il était facile de tuer les guanacos, cela explique le choix de ce site pour les rites des peintures préhistoriques.
Les peuples premiers, citons les Aonikenk, les Chonecas ou Tehuelches, les Reches, les Mapuches ou Araucanos, les Gününa Kena, les Aoninkenk, … étaient des peuples nomades. Ils vivaient en groupes de chasseurs, de ramasseurs avec de grands rayons d’action. Ils se déplacaient en groupe d’une centaine de membres. La Patagonie leur appartenait.
Pour illustrer leur niveau de civilisation, je vous propose, une analyse comparative (à charge) des prérogatives des femmes (source note-1) :
Tehuelche / Mapuche :
- Sphère féminine et masculine complémentaire. Toutes les deux participent de la vie publique et privée des tribus. Hiérarchies dans chacune des sphères.
- Décision de la poursuite ou interruption des grossesses par les anciennes.
- Hétérosexualité et travestissement féminin et masculin autorisé.
- Polygamie masculine.
- Fidélité dans les couples qui cohabitent
- Liberté sexuelle des célibataires et des veuves
- Biens personnels, sans distinction de genres.
- Ils commençaient à accumuler dès la naissance (entre Tehuelches)
- Séparation des couples qui cohabitent avec un accord mutuel ou par décision unilatérale (entre les
Tehuelches). - Éducation des enfants partagée jusqu’à certain âge. Puis ils se divisent pour l’enseignement
spécifique de leur genre. - Savoirs féminins : Herboristerie médicinale, protection des naissances et préparation des morts.
- Connexion et administration du monde surnaturel. Discernement sur le permis d’abri des étrangers et captifs. (tel qu’un système de douanes qui définit les personnes qui entrent ou qui sortent de la tribu).
- Travail féminin : production d’aliments, cuirs pour toldo et vêtements. Nettoyage. Production de
médicaments, tissus et objets de décoration personnels.
Civilisation occidentale :
- Catholique.
- Institutions de contrôle social par exemple usines idéologiques et agents disciplinés : état, justice, prisions, médecine, école.
- La sphère féminine reste subordonnée à la sphère masculine. Patriarcat. Ce qui est féminin demeure dans la vie privée des familles et ce qui est masculin circule le publique et le privé.
- Rôle de reproductrice
- Hétérosexualité autorisée et homosexualité interdite pour tous.
- Monogamie, fidélité avec différentes valeurs et devoirs entre les hommes et les femmes.
- Chasteté comme valeur fondamentale des femmes célibataires.
- Autorité parentale masculine sur les fils et les conjoints.
- Biens sous le domaine masculin.
- Travail féminin éducation des enfants, organisation et travail domestiques, nourrices, prostituée, production d’aliments, sage-femmes
Au Xixème siècle le marché incorpore la Patagonie. La révolution industrielle anglaise apporte des technologies qui permettent d’incorporer plus de territoires. Les Pampas et la Patagonie s’incorporent au marché mondial : cuirs, graisse, laines, viandes salées et puis rafraîchit. Pour illustrer la ville d’El Calafate deviendra la capitale mondiale de la Laine. Les moutons seront importés et élevés en masse et contribueront largement à l’érosion et l’appauvrissement de la Patagonie. Des haciendas de plusieurs milliers d’hectares se partageront l’espace qui sera clos et qui mettra en péril la vie et culture des peuples premiers. (note-2)
Au fil de la route 40, vous verrez combien cette steppe est devenue pauvre.
Thème – Médecine traditionnelle : des peuples premiers
Il est permis de penser que pour survivre aux conditions de la Patagonie, la médecine traditionnelle devait être d’un très bon niveau.
Au fil de la découverte : El Calafate et le Perito Moreno
De la capitale de la laine qu’elle a été, il ne reste pas grand-chose.
L’attraction locale est le Parc des Glaciers et en particulier le Perito Moreno qui est très facile d’accès avec ses rampes d’accès et ses nombreux miradors. La vue d’un immense glacier de tout près est possible pour tous. C’est un lieu très visité des argentins.
J’avoue avoir pris plaisir à faire un min-trek sur le glacier, la vue des entrailles est saisissante. De plus, le guide avait vécu sa lune de miel à Chamonix et nous avons parlé montagne.
Au fil de la Découverte : El Chalten, la capitale Argentine de la Randonnée
Ce petit village est consacré à 80% au massif du Fitz Roy. Les quelques rues sont remplies d’auberges de jeunesse, d’hôtels, de restaurant, de chambres d’hôtes, d’épicerie et même d’un coiffeur qui me fera un drôle de coupe. Le village ferme en hiver, soit pendant l’été en Europe.
Les randonnées à la journée au départ à pied du village sont légions. Des circuits sur plusieurs jours sont aussi possibles mais leur organisation est plus délicate.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas randonné en étoile (c’est à dire en étant basé à un logement fixe et en partant pour la journée), ce n’est pas ce que je préfère.
Les randonnées sont belles, accessibles et offrent des paysages variés avec le Fitz Roy en ligne de mire. Ma préférée est celle qui conduit à la Laguna Torre et le prolongement vers le mirador Maestri, il y faisait grand vent, la pluie s’est invitée, l’environnement était purement minéral, le glacier et les nuages se confondaient, … tout pour me plaire.
Au fil de la Découverte : Le Parc Patagonia à Los Antiguos
La Parc Patagonia a été créé par un groupe de bienfaiteurs et sa gestion est confiée à la province de Santa-Cruz. Il est morcelé car l’acquisition des terres se fait par hacienda.
La randonnée a été particulière : une journée complète dans le parc en étant le seul humain et pour une trentaine de kilomètres dans le vent. Je n’y ai pas vu le puma, le gardien m’a dit que le puma m’avait peut-être vu mais que le voir eut été un hasard très, très peu probable. Bon j’ai vu beaucoup de Guanaco et découvert qu’il « chantaient ». Les oiseaux étaient aussi nombreux. Le plus présent a été le vent, par rafales.
En préambule, le gardien m’avait longuement tout expliqué sur le parc, le seul visiteur de la journée avait été particulièrement bien accueilli.
Au fil de la Découverte : Las Antiguos et San Carlos de Bariloche
Capitale argentine de la cerise, Los Antiguos est une très charmante petite ville où j’ai passé une ou deux journées assez calmes bien que ponctuées par la victoire de l’équipe nationale de football. Cette petite ville est très boisée de cyprès qui s’interposent contre les vents, la vue de l’un des miradors est très originale.
San Carlos de Bariloche est dans le fameux Parc National Nahuel Huapi qui est composé de nombreux lacs ou lagunes entourés de conifères. C’est une ville très touristique pour les argentins et les ressortissants de quelques pays voisins. Le musée archéologique est très intéressant, l’histoire des peuples premiers y est bien documentée.
Ces deux villes n’ont pas trouvé leur place dans la vidéo. José, vois ci-dessous, à pris toute la place.
Tourisme rural avec José pendant 40 heures
Le concept de « Tourisme rural » est très intéressant, c’est un excellent moyen d’être proche des habitants avec une rétribution raisonnable des accueillants pour leur temps passé et l’hébergement.
J’y suis allé en car et devait m’arrêter à un croisement de route où José devait m’attendre avec 2 chevaux, et ça à la tombée de la nuit. Le trajet s’est déroulé comme prévu avec la complicité de Sandra, la fille de José, qui a expliqué le plan aux chauffeurs de car. Un grand merci merci à Chantal B. Agence ORIGIN de m’avoir fait découvrir le tourisme rural argentin.
A la nuit tombée puis à la lueur de la lune, nous avons cheminé à cheval 8 km sur les chemins ou dans la steppe. Un excellent dîner a chauffé rapidement et nous avons fait connaissance avec José.
Je vous donne quelques éléments de contexte. José, de l’ethnie Tehuelche, est né et à vécu là où il est installé, il a passé toute sa jeunesse à ce qu’il appelle le camp. Il a vécu 35 ans à San Carlos de Bariloche où il était pizzaiolo. Sa maison actuelle était une sorte de résidence secondaire pour les fins de semaine et les vacances. Il possède 1000 hectares de terre que nous avons parcourues à cheval (plus de 25 km et 5 heures) en allant vérifier que les troupeaux de bovins et de chevaux étaient en bonne santé. Nous sommes montés sur des sommets escarpés pour que José y capte du signal téléphonique.
José est pour moi un excellent médiateur, il est à la fois de culture Gaucho (gardien de troupeaux) et a des capacité de communication et de pédagogie qui permettent aux visiteurs de vivre une excellente expérience.
J’ai été enchanté de ces 40 heures, un grand MERCI à José.