HRP – Haute Route des Pyrénées, Saison 1 en 2023

Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien : GTA de Marc Legroux
ou directement ici :

Synthèse

La HRP Haute Route des Pyrénées, c’est génial !

C’est dur physiquement, dur moralement car on se perd facilement dans ce dédale de chemin (la HRP n’est pas balisée), ça emprunte des chemins durs (quand on emprunte un GR sur quelques kms on à l’impression de marcher en ville), aériens et souvent difficiles techniquement. Sans compter sur le brouillard, la pluie, les orages, les patoux, le vent, ….

Mais ça procure une incroyable connexion avec la montagne, la nature. Les rencontres avec les HRPistes sont riches. C’est dur de redescendre dans la vallée ou même de s’arrêter dans les refuges bondés. L’envie de marcher seul, au calme, le ventre souvent creux, sale, tard le soir et tôt le matin l’emporte et c’est extraordinaire.

J’ai rarement vécu un tel sentiment de liberté en montagne.

Vivement que je puisse faire la deuxième moitié l’an prochain !

Introduction

Cet article documente ma traversée des Pyrénées par la HRP – Haute Route des Pyrénées.

Il s’agit d’une traversée sur la ligne de crête, souvent proche de la frontière, et qui emprunte des sentes, ds chemins « noirs », et parfois le GR10 côté France et le GR 11 côté Espagnol.

C’est un itinéraire non balisé qui fait appel à l’orientation sur la carte qu’elle soit papier ou numérique. Il existe de nombreuses variantes, chaque HRPiste définit son propre chemin en s’inspirant de traces proposées par d’autre HRPistes au premier rang desquelles figure Georges Véron qui a fait tracé un premier passage en 1968.

C’est une randonnée au long court difficile. Les orages de juillet sont légendaires et très fréquents. L’atmosphère y est souvent humide – notamment dans le pays basque – mais en contre-partie, les mers de nuages sont superbes. La faim tenaille à peu près tous les HRPistes, du fait d’un itinéraire sur les crêtes, les ravitaillement sont éloignées et le dilemme cornélien poids / nourriture penche souvent en faveur de la réduction du poids. L’absence de balisage nécessite une attention particulière d’orientation, tous les HRPistes se perdent plus ou moins longtemps, les retours arrières sont fréquents, sources de vexation et de perte d’énergie. Les passages de cols sont fréquemment difficiles techniquement avec des chemins ou sentes parfais inexistantes, la vigilance s’impose notamment pour le randonneur solitaire que je suis.

Mais c’est aussi une randonnée qui offre une incroyable connexion avec la montagne, les sensations visuelles olfactives, sonores, le ressenti du vent, de la pluie, de la chaleur, du froid y sont décuplées. Les rencontres de HRPiste sont le plus souvent très riches. Et que la montagne est belle.

Contrairement à la traversée des Alpes par l’itinéraire classique en 2021 et 2022, je ne connaissais que très peu les Pyrénées au delà de randonnées à la journée. Ce fût donc une belle découverte.

Pour des raisons d’agenda bien rempli, je n’ai goûté que la moitié de la traversée en 2023, soit l’équivalent de 15 jours pleins d’une vie très intense dans la montagne.

Motivations

Il m’a semblé évident qu’entre mes 3 saisons de Tour du Monde de l’Hémisphère Sud, la traversée des Pyrénéens s’imposait naturellement après celles des Alpes et celles des Andes en Amérique du Sud Cap-Horn à Quito en Equateur.

François Remodeau et Julien Pillot, m(ont donné l’envie.

La solitude a été choisie et non subie, de plus j’ai été régulièrement en lien avec mes proches. Comme le dit Bruno Perrier GTAiste dans la vidéo GTA/GR5, « la solitude permet de très agréables moments méditatifs. En plus, la solitude permet une grande attention et concentration sur l’instant présent qu’offre la montagne. »

Impressions du marcheur solitaire

Plus encore que sur la traversée des Alpes, j’ai vécu ces 15 jours de marche en forte immersion et connexion avec toutes les composantes de la montagne. Tous mes sens étaient très à l’écoute du milieu.

Les souvenirs visuels arrivent en premier avec des paysages à la fois variés et grandioses, la vue des crêtes sur la chaine des montagnes est très gratifiante et les quelques sommets gravis, très minérals, ont été spectaculaires.

En ces périodes de juillet, les odeurs étaient très présentes que ce soient les fleurs, les travaux pastoraux tels que les foins, ou l’intense vis pastaurales du pays Basque.

La vie pastorale est omni-présente dans cette première partie de la traversée d’ouest en est. Les cloches résonnent encore en moi et la bande son de la vidéo témoigne de la présence de troupeaux, dans l’ordre, des moutons, des chevaux et des bovins.

J’ai bien sûr été très attentif aux sons de la montagne, les insectes et oiseaux, les ruisseaux et torrents, le vent et la pluie, les orages, … Ils constituent autant d’indications sur le milieu, la vie et sur la montagne. Ces bruits renseignent le marcheur toujours plus ou moins aux aguets. J’ai adoré lire le paysage à l’aune de ces sonorités si riches de diversité et d’intensité.

Même si j’ai croisé nombre de marmottes, la grande faune s’est laissée désirer. En revanche, les vautours, grégaires, étaient très présents et parfois un peu inquiétants..

La rencontre de HRPistes et souvent l’occasion d’un bel échange. A voir pour s’en convaincre l’interview de Flore qui a des mots très justes sur la marche solitaire pour une femme et l’incroyable défi d’alpinisme que s’est lancé Julien Lacrampe.

Physiquement, la marche a été plutôt dure même si les dénivelés ont rarement dépassé les 2000 m. de positif (d+). Il convient de préciser que les chemins, parfois les sentes, sont plus difficile que sur un GR. En discutant avec d’autres HRPistes, nous avons convergé sur cette sensation de « trottoir de ville » quand nous marchions sur les GR10 ou GR11 et de cahos quand nous étions sur les autres chemins. 

La faim m’a tenaillée, j’ai perdu 5 kilos en 15 jours et ai conservé une sensation de faim deux ou trois semaines après ma descente dans les vallées. Chacun a sa méthode ; dépôt de nourriture, lyophilisé, colis, énorme poids, déroutage pour ravitaillement, … Je n’ai rine mis en place de tel, j’ai mangé dès que l’occasion se présentait, porté jusqu’à 3 kilos de nourriture et ai passé certaine journées très furgales.

Orientation & trace

Julien et François avaient raison, je me suis perdu.

Suivre un chemin non balisé et demande une grande attention. Chaque sente peut être le non chemin. J’ai plus ou moins suivi deux traces GPX que François et Julien m’avaient transmises. Mais elles se sont avérées peu à jour, imprécises et peu documentées sur les variantes.

Avec ma montre GPS, j’ai pris une trace de tous les instants des ces 15 jours, c’est trace qui laisse apparaître des allers-retours mais qui peut servir de ligne de vie. Je transmettrai ma trace GPX à qui me le demandera.

Haute Route des Pyrénées Saison 1 : de Hendaye au refuge de la Soula Conditions Du 12 au 27 juillet 2023, en solo et autonomie 463 kilomètres, 23280 mêtres de dénivellé positif Nuits : 7 en bivouac, 3 en cabane, 4 à la belle-étoile, 1 en maison Interviews / Contributeurs Julien Pillot – Acompagnateur de Moyenne Montagne julien@julien-rando.com – http://www.julien-rando.com Flore, belge – HRPiste Bergère en pleine action Julien Lacrampe – alpiniste sur la ligne des Hautes-Pyrénées Guy Caminondo – bricoleur de génie François – HRPiste Lise Cailleteau – Relectrice attentive et supportrice du projet Un grand merci à eux ! Prise de vues Marc Legroux et des randonneurs dévoués Fuji X-100v & micro Fuji Mic-st1 iPhone 13 pro Cartographie et trace IGN – iPhiGénie Montre Garmin 935 Musique Le vent, la pluie, les cloches, la faune. Montage Marc Legroux Plus d’infos sur http://legroux.eu/HRP

Hébergement

L’hébergement s’est réparti comme suit :

  • 7 nuits en bivouac, tente-tarp (D4, <1kilo)
  • 4 nuits à la belle étoile, les meilleurs nuits
  • 3 nuits en cabane
  • 1 nuit en maison, chez des amis.

Les nuits à la belle étoile m’ont bien sur procurées les meilleures sensations. La voûte céleste est superbe, parfois même inquiétante de densité. Les réveils (fréquents) en milieu de nuit sont toujours des instants magiques.

Tableau des étapes

Le tableau des étapes est « brut », ce sont principalement les données fournies par la montre Garmin en relevé « Randonnée » que je démarrais lors du premier pas le matin et que j’arrêtais le soir à l’étape.

  • « Journée » : la première étape, démarrée en début d’après-midi à Hendaye est considérée comme une demi-étape, de même pour la dernière étape, à la Soula) qui s’est arrêtée à midi ce qui fait 15 journées de marche
  • « Nuit » : type d’hébergement
  • « Distance » : total de la marche de la journée
  • « Ascension (D+) » : dénivelé positif cumulé
  • « Descente (D-) » : dénivelé négatif cumulé
  • « Durée » : temps complet du départ le matin à l’arrêt le soir
  • « Temps dépl » : temps de déplacement calculé par la montre Garmin, il s’agit du temps en mouvement (marche), les temps de pauses sont donc décomptés
  • « Vitesse de déplacement » : calculée Distance / Durée de déplacement. Il est intéressant de constater que cette vitesse de marche moyenne est assez constante

AVERTISSEMENT : pour une trace effectuée, les données de distance et de dénivelé sont invariantes et sont donc des références. En revanche, les données de durée, de temps et de vitesse ne sont que purement indicatives.

Il est à noter que certaines étapes ont été vraiment longues ; 09:34 de temps de déplacement auxquelles s’ajoutent les temps de pause, de prises vidéo, de préparation du départ et de bivouac du soir.

Les journées qui cumulent dénivelé (D+) supérieur à 2000 m. et plus de 30 kms sont exigeantes.

Finalement, l’étape la moins confortable a été le J-19 avec un dénivelé négatif de 2443 m. qui m’a causé une périostite tibiale qui m’a fait souffrir jusqu’à l’arrivée à Nice.

NB : les traces GPX de chaque étape sont disponible sur demande.

Équipement

En synthèse :

  • Un sac permettant un portage confortable (pour 10h00 de marche) de 15 kg (le poids a oscillé entre 09 et 13 kg, des batons de marche (dont l’un sert aussi de pied photo), une hard-shell 3 couches que je porte très souvent, un sur-pantalon Goretex (nb : je n’emporte jamais de poncho mais plutôt un grand sac poubelle découpé).
  • Une tente 1 p. sans chambre, un sac de couchage duvet 0° confort (-5 extrême), un sur-sac (pour la belle étoile), un matelas gonflable
  • 2,5 l. d’eau, pastilles pour purification en cas de doute, lyophilisés pour quelques jours, réchaud, gamelle, nourriture des ravitaillements, barres de céréales
  • Sécurité : sifflet, boussole, couverture de survie, lunettes glacier, 2ème smartphone, pharmacie, couteau Suisse, mousqueton, cordelettes, …
  • Effets personnels dont une doudoune chaude pour les soirées

Quelques avis et retours d’expérience

  1. Sécurité : communication, urgence
    Sur la GTA, la communication avec un GSM est réduite, largement moins de 50% du temps selon mes observations. Même sur les services d’urgence du 15, 17, 18, 112, 114 en mode multi-opérateur, n’offrent pas de solution.
    Pour le randonneur solitaire immobilisé, il n’y aura d’autre solution que d’attendre le passage d’un randonneur. Ce qui suppose de ne pas s’être écarté du chemin.
    Un soir où j’ai craint mettre fait une entorse je me suis inquiété du sujet. Après différentes recherches et échanges avec des randonneurs avertis ou des guides, je me suis acheté une balise satellitaire qui inclut la possibilité d’un abonnement à un service d’urgence 24/24 sur tous les continents (sauf arctique et antarctique). C’est cher mais la sécurité a-t-elle un prix ?
  2. Autonomie électrique
    C’est un point très important de garantir cette autonomie. J’avais fait le choix de ne pas emmener de cartes papier et de numériser les topo-guides. J’ai été autonome avec un capteur solaire qui alimente en permanence une batterie (power bank) de 5000 mA ou les accus de l’appareil photo. Ce capteur assure la recharge : des batteries de l’appareil photo/vidéo, le smartphone, la montre, la frontale.
    Tout à bien fonctionné sauf une fois où après 3 jours très peu ensoleillés j’ai été obligé de faire une pause dans un refuge pour recharger.
  3. Optimiser le transport de l’eau et l’alimentation
    Au fil de l’eau 😉 j’ai optimisé le volume transporté, l’eau est très présente dans la première moitié ouest de la HRP.
    Pour l’alimentation, voir le commentaire « faim » ci-dessus.

Par Marc Legroux