TdM Hémisphère sud – saison 2 – Afrique – Île de la Réunion

Episode 1 : Île de la Réunion, quel bel équilibre

Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien : https://youtu.be/7e3otSALPd8;
ou directement ici : <Insérer la vidéo>

Préambule

Cet article et la vidéo se complètent, l’un donne des clefs de compréhension, l’autre donne à voir et permet, j’espère, de se laisser porter par l’atmosphère.  Vous noterez que le journal de bord n’est pas publié. L’équivalent d’une page A4 quotidien est gravée, les impressions de voyage y sont plus intimes.

Synthèse

Cette première étape de la saison de mon Tour du Monde (TdM) de l’hémisphère sud m’a enchanté. J’ai été guidé par Marine ma nièce qui était en Guyane l’an dernier quand j’ai démarré ce TdM et que j’ai retrouvé avec plaisir.

La première très bonne surprise a été de découvrir une île peuplée seulement depuis environ 400 ans. L’immigration est arrivée du sud, du nord, de l’est, d’Asie, d’Afrique, d’Europe et constitue un melting-pot où chacun peut se revendiquer Réunionnais du simple fait d’être né ici. La diversité de la population y est incroyable.

Comme la Guyane, l’île de la Réunion est hybride. La Réunion a le statut de département d’outre-mer (DOM) et à ce titre bénéficie, des conditions française ; santé, éducation, protection sociale, justice, infrastructures, … A disposition d’une population d’une incroyable diversité, quelle belle opportunité !

Rien ne vaut de fouler un territoire pour le ressentir vraiment. A pied, bien sûr, pour 3 randonnées-treks, mais aussi en voiture pour faire le tour de l’Ile et en appréhender ses dimensions et sa morphologie. Les parois sont abruptes sur ce « caillou » où l’on passe allégrement de l’altitude 0 à plus de 3000 mètres en quelques encablures. Il est rare d’emprunter des sentiers avec des pentes à plus de 20%.

NB : depuis mon séjour sur l’île, le cyclone Belal est passé, je vous laisse vous informer par vous-même sur ses conséquences.

Thème  – Peuples premiers

J’ai été excité comme une puce lorsque j’ai découvert que l’île de La Réunion n’a été habitée qu’à partir des années 1640 !

Dans ma quête des peuples premiers, voilà une grande première. Enfin, pas tout à fait car c’est aussi le cas l’archipel de Svalbard, dont l’île la plus connue est le Spitzberg, qui de part sa proximité avec le pôle Nord n’a été habitée qu’aux environs de années 1600.

Pour ceux qui ont lu les paragraphes « peuples premiers » des articles de la saison 1 de ce tour du monde de l’hémisphère sud, vous avez en tête l’immense intérêt de remonter aux origines des peuplements des territoires.

Pour rappel, les récurrents conflits dans des pays comme la Bolivie, le Pérou ou l’Equateur, ont pour origine ce ressenti, pour ne pas dire ressentiment, des natifs indiens d’un déclassement social et politique.

Eh bien, à la Réunion, rien de tout ça, le peuplement de l’Ile s’est opéré par des immigrations de tous les azimuts. Du sud-ouest, en provenance du Cap de bonne Espérance, par les navigateurs de la « Compagnie française des Indes orientales » sur la route des épices d’Asie du sud-est. Des quartiers comme « Quartier-français » à Sainte-Suzanne ont même été peuplés par des mutins abandonnés sur place en 1646. Ces navigateurs ont aussi contraint des esclaves des comptoirs d’Afrique Noire à travailler sur l’Ile pour exploiter le café, puis à partir du XIXème siècle, la canne à sucre.

Du nord-est par les Srilankais, les Indiens, et plus généralement les peuples Malais dont les Malgaches font partie.

Plus encore qu’en Guyane, la mixité, l’hybridation des peuples est d’une incroyable diversité, les morphotypes des galeries de portraits en témoignent.

Après avoir écouté divers résidents de l’île, et bien qu’il soit difficile de livrer des généralités en la matière, il me semble que ce melting-pot vit dans une bonne harmonie. La barrière la plus franche me semble être au niveau de la langue. D’un côté, ceux qui pratiquent couramment le créole réunionnais et ceux, les « z’oreilles », qui tendent fébrilement l’oreille pour essayer de discerner ce créole. Une autre importante ségrégation est celle de la durée de résidence sur l’île entre ceux qui restent et ceux qui ne viennent que pour quelques mois.

Thème – Médecine traditionnelle : témoignage d’une sage-femme

Je vous laisse découvrir la courte interview de Marine dans la vidéo.

Et je rappelle cette citation de Marine : « un accouchement reste un accouchement » dixit Marine, accompagnée du documentaire « Le Premier cri https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Premier_Cri_(film,_2007) » de Gilles De Maistre.

Géographie et agriculture

Légèrement ovale et un peu inclinée, telle est La Réunion. Le tour de l’île par les routes principales fait environ 200 kilomètres et peut, hors temps d’embouteillage, se faire en moins de 4 heures.

C’est une île d’origine volcanique située au sud-est de l’océan Indien. Son cœur est réparti en 2 secteurs principaux. Le premier, au nord, regroupe les cirques de Salazie, Cilaos et Mafate. Le Piton des Neiges en est le point culminant, ancien volcan de +4000 m largement érodé et éteint il y a seulement 12000 ans ; il culmine à 3070 mètres, c’est le plus haut sommet de l’Ile de la Réunion mais aussi le plus haut somment de l’ensemble des îles et l’océan Indien, rien de moins. J’ai eu le grand plaisir d’aller saluer ce sommet de bon matin le lendemain de mon arrivée. L’île est entourée de fonds rapidement profonds, parfois abrupts, jusqu’à -3000 m.I n’y a pas de plateau continental, et donc peu de vie halieutique en dehors des lagons et d’une frange littorale étroite, ce qui, explique aussi le peu d’activités liées à la mer.

Le second secteur est l’immense piton de la fournaise dont les irruptions sont fréquentes, spectaculaires et dévastatrices jusqu’à la mer (voir la vidéo, partie Sud).

Au niveau des étages inférieurs, que ce soit au-dessus du littoral ou dans certains cirques, une activité agricole s’est développée. La première d’entre elle est la culture de la canne à sucre (90% de l’activité), parfois décriée pour sa consommation d’engrais, c’est une culture fort productrice. La canne à sucre serait à la 2ème place du ratio de production de biomasse à l’hectare après la forêt équatoriale. De plus, la canne à sucre stabilise parfaitement les terrains très sensibles à l’érosion.

Il est à noter que La réunion détient des records de pluviométrie notamment ceux sur 12 heures, 24 h., 72 h., 96 h., 10 jours, …
(ref. http://pluiesextremes.meteo.fr/lareunion/Records-mondiaux.html). Au-delà de la canne à sucre, des maraîchers produisent du melon, du maïs, des tomates, de l’ail, des oignons, ces trois derniers ingrédients entrant de manière quasi systématique dans les recettes traditionnelles de caris ou de rougails.

Une faible activité d’élevage : vaches laitières, porcs, volailles et même cervidés, complètent ce tableau.

L’Ile compte environ 15 000 emplois agricoles.

Des travaux importants ont permis de restaurer des terres de culture, notamment en « grattant » des couches de laves pour retrouver de la terre arable.

Ces terres sont très largement grignotées par une urbanisation sauvage difficilement contrôlée par les autorités, et qui souvent, se pérennise au-delà de cinq années.

Il est à noter que la faune sauvage y est très réduite, on ne trouve que quelques souris grises, surmulots, tangues (hérissons) musaraignes musquées, lièvres ou encore quelques cerfs de Java. En revanche, la flore foisonne d’espèces endémiques, environ 160 plantes à fleurs n’existent qu’à la Réunion. De nombreuses plantes indigènes étaient déjà présentes avant l’arrivée de l’homme.

Hormis la gestion des risques naturels ; érosion, protections des lagons, augmentation du niveau de la mer à horizon 2100, un des principaux défis pour les Réunionnais est de se préparer à un probable afflux des habitants de Mayotte dont le statut a changé en avril 2008. En effet, le conseil général de Mayotte a voté à l’accès de Mayotte au régime de département et région d’outre-mer. L’île de la Réunion a trouvé un équilibre, imparfait bien sûr, mais l’afflux probable d’une population de culture différente lance un sacré défi aux Réunionnais.

Sources générales : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_R%C3%A9union, divers sites spécialisés

Et, pour la partie agricole, une longue interview de Jacques Le Roux – Chargé de mission foncier à l’Etablissement Public Foncier de la Réunion (EPFR) – passionné par la Réunion.

Randonnées et Trekkings

Piton des Neiges :

Dès la sortie de l’avion, j’ai rejoint le cirque de Cilaos à deux bonnes heures de voiture. J’ai emprunté la route aux 400 virages. Saisi par le grandiose du cirque je n’ai pas compté les virages.

Arrivé au « Bloc », le point de départ, j’ai rapidement complété mon sac avec pour objectif de bivouaquer au sommet.

Le sentier pour rejoindre le Refuge de la Caverne Dufour est particulièrement raide. Très vite les maisons de Cilaos ont rapetissé, la vue sur le cirque s’est s’élargie. J’ai entendu parler d’une pente moyenne de 18° dans ce sentier en forêt. Du point de départ jusqu’au refuge, le dénivelé positif est de 1100m. Pas très en forme à cause de petits soucis de santé qui ont réduit mon alimentation, je suis arrivé à la nuit au refuge fatigué et largement humide. J’ai dîné et me suis installé pour la courte nuit.

Nous étions une vingtaine à nous lever vers 2h45 – 3h, la montée sommitale à la frontale a été beaucoup plus agréable que la marche d’approche de la veille. Nous, le petit groupe des premiers arrivés, étions trop tôt, nous avons attendu le lever du jour puis celui du soleil.

Au lever du soleil, nous avons eu un temps mitigé, en vision 180° en direction de l’Est une moitié de sommets découpés avec l’océan indien et sur les autres 180°, de nombreux  nuages de vallée et un énorme Cumulonimbus.

La séance photo-vidéo terminée, la descente a été facile et plaisante.

D+ 1870 mètres du Bloc au Piton des Neiges.

Trou de fer :

Ma nièce Marine et moi, avons entrepris d’aller à « Le Trou de Fer » à partir de Hell Bourg où nous nous étions installés pour 2 jours.

NB : le village de Hell Bourg vaut à lui seul le détour, il est d’ailleurs le seul de toute l’ile inscrit sur la liste des Plus Beaux Villages de France.

La première partie de la montée, jusqu’à la maison forestière de Bélouve est très raide. Sans doute autour de 15°-18°. À mi-parcours, nous avons stabilisé un éboulis du sentier probablement déclenché par les pluies torrentielles de la nuit.

À partir de la maison forestière, Manon, une amie de Marine, nous a rejoint. Une fois sur le plateau, le chemin s’enfonce dans une forêt tropicale équipée de passerelles de marche. L’ambiance y est moite, les planches sont glissantes et la végétation, débordante, en particulier, les petites orchidées et de magnifiques fougères arborescente.

Le trou de fer, 900 mètres de haut, un paysage dantesque de type jurassique, est resté secret, lové qu’il était dans un épais brouillard.

Le retour a été pluvieux puis très orageux à en faire peur tellement le tonnerre était proche.

D+ de 907 mètres.

Mafate :

Qui n’a pas entendu parler de Mafate ? Sans aucun doute le cirque de randonnée le plus connu et fréquenté de l’Ile. Une sorte El Chalten (Argentine) réunionnais.

J’y suis rentré par le col des bœufs où Marine m’a gentiment déposé. Le parking était complet.

En cette fin de semaine, je craignais la foule et bien ça a été pire que prévu. Que ce soit en direction de La Nouvelle ou de Marla, une foule bigarrée marchotte, braille, s’arrête au beau milieu du chemin, s’essouffle, … ce sont soit des randonneurs à la journée qui font une petite boucle soit des randonneurs plus aguerris qui dorment une nuit à la Nouvelle ou à Marla selon le sens de parcours choisi (horaire ou anti-horaire).

Pour les plus chevronnés, des sentiers continuent après La Nouvelle, en direction du l’Ilet Cerneau, le calme revient. La descente jusqu’au ravin est très raide. Le ruisseau Galets franchi, la montée est encore plus raide. Juste avant l’arrivée au col, il y a une dangereuse zone d’éboulis. Le col du Bronchard offre une belle vue sur les gorges.

Le village de Roche Plate était quasi désert et j’ai poursuivi vers le plateau Cerf puis le site des Trois Roches où j’ai bivouaqué au bord de la rivière. Je me suis lavé puis séché à la chaleur et lumière d’un feu de bois préparé par un groupe d’étudiants en STAPS très sympas. Nous avons discuté empathie avec Lisa, improbable et réjouissant.

La nuit fut calme et douce, dès 6h30 j’ai profité d’une belle lumière pour rejoindre Marla, y prendre un bon petit déjeuner puis ai croisé les touristes qui descendaient et ceux qui remontaient vers le col des Bœufs.

J’ai récupéré tous mon paquetage a la guérite du col.

Le retour à Saint-Denis s’est fait avec Anna et Christophe rencontrés au Piton des Neiges puis en bus.

D+ de 2170 mètres.

A fil de la découverte de la Route Sud

Nous sommes partis de bon matin de Saint-Pierre pour une découverte (pour moi, par pour Marine), du sud de l’île.

La bassin de Manapany a été pour moi l’opportunité d’un agréable bain dans l’océan Indien et de prendre conscience des dangers de cet océan, que ce soit les requins ou la barre.

La cascade Langevindite de Grand Galet – est plurielle, elle est constituée de plusieurs petites cascade qui se jette dans un lac volcanique. C’est un spot bien connu de canyoning.

Le Cap Méchant est le plus au sud de l’île, de grosses vagues déferlent sur une falaise de roche volcaniques.

La routes des laves, en contre-bas du Piton de la Fournaise est très impressionnante, les traces des dernières coulées sont gigantesques. La nature est la plus forte.

L’anse des Cascades est un havre de paix où on se sent apaisé par les cascades et l’océan qui se côtoient en harmonie.

Notre Dames des Laves a vu de près la lave mais y a résisté. La documentation présentée à l’intérieur de l’église apporte un éclairage sur les fameuses coulées de laves si dévastatrices.

Enfin, l’église Saint-Anne, d’un style baroque très original, clôt cette demi-boucle.

A très bientôt.

Marc

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