Episode 3 : Indonésie -Volcan Rinjani
Setampol Green Summit
Pour rappel, la vidéo est disponible en suivant ce lien : https://youtu.be/i09KITDoIYo
ou directement ici :
Préambule
Cet article et la vidéo se complètent, l’un donne des clefs de compréhension, l’autre donne à voir et permet, j’espère, de se laisser porter par l’atmosphère.
Synthèse
Un trek, c’est parfait pour se dégourdir les jambes !
Je ne pouvais manquer cette ascension vivement conseillée par Blandine (compagne de Simon) qui a vécu à plusieurs années en Océanie et Simon (mon fils) qui ont fait l’ascension du sommet du Rinjani en 2024.
En raison, à la fois de la saison des pluies et de l’activité éruptive du Rinjani, l’accès au sommet était interdit en janvier 2025. Nous ne sommes montés qu’au Stampol Green Summit, 2608 mètres, qui offre un très beau point de vue sur le sommet Rinjani et, en contre-plongée, sur les cratères et ses lacs.
Adji, un guide du parc, était le « boss », Oudji et Gopro les deux porteurs et moi le touriste. J’ai beaucoup apprécié nos échanges avec Aji que ce soit sur la montagne, sa pratique du métier de guide ou des discussions plus personnelles. Je l’en remercie vivement.
Le trek a été de 2 jours ; l’ascension le premier jour, nuit sous tente au camp de base, puis, le matin tôt, courte fenêtre de visibilité pour apprécier l’ensemble du volcan avant de redescendre. La marche est assez difficile du fait de la très forte humidité, d’un sentier très herbeux et des pentes de plus en plus raides au fil de la montée. Nous étions en saison des pluies et il a plu !
J’aime toujours autant la montagne dont je ne me lasse pas !
C’est parti ! @marclegroux
Contexte
Le Rinjani est le deuxième plus haut sommet d’Indonésie, il culmine à 3 726 mètres. Il est situé au nord de l’Île de Lombok dont la superficie est de 4 725 km² soit à peu près le double de celle de l’Île de la Réunion. Le plus haut sommet d’Indonésie est situé en Papouasie, c’est le Puncak Jaya, 4 884 mètres. Pour rappel le Piton des Neiges à l’Île de la Réunion, est le somment de l’Océan Indien, il culmine à 3 070 mètres (voir saison 2).
La forme de l’ensemble du volcan est classique ; un cratère dans lequel deux lacs se sont formés, et une ligne de crête tout autour avec un point le plus haut qui est le somment du Rinjani. Les pentes sont de plus en plus raides au fur à mesure de la montée.
En raison, à la fois de la saison des pluies et de l’activité éruptive du Rinjani, l’accès au sommet était interdit en janvier 2025. Nous ne sommes montés qu’au Stampole Green Summit, 2608 mètres, qui offre un très beau point de vue sur le sommet Rinjani et, en contre-plongée, sur les cratères et ses lacs.
Nous étions une équipe de quatre : Aji, le guide, Oudji le premier porteur, Gopro, le second porteur et moi, le randonneur-touriste. Les porteurs assurent le portage des vivres, des ustensiles de cuisine et l’équipement de bivouac. Les repas classiques (Nasi Goreng Ayam– Riz frit avec du poulet) sont savoureux.
Les ascensions du Rinjani et de ses sommets intermédiaires nécessitent un permis de trek qui est contrôlé par les services associés aux Parc Nationaux. Les itinéraires ne sont que très peu balisés et les sentiers sont assez largement couverts par la végétation. Je ne me suis pas renseigné sur la possibilité ou non de faire ce trek en autonomie. Je me serais privé des discussions avec le guide Aji ce qui aurait été fort dommage.
@C’est parti.
Carnet de trek
De bon matin, vers 6h. je me lève et prépare mon petit sac à dos pour le trek. Je suis très attentionné, outre l’équipement de marche habituel, je ne dois pas oublier : les vêtements secs pour la nuit, la lampe frontale, la recharge du smartphone, l’eau, ma balise GPS, les bâtons qu’ils me prêtent, …
Vu l’état de mes intestins j’opte pour des pancakes à la banane et du thé sucré (oui, vous avez bien lu, sucré). Juki, le chauffeur arrive et nous discutons rapidement, il part chercher le guide, Aji. Aji est un grand jeune homme athlétique, d’un abord sympathique et qui parle un anglais qui je comprends bien. Je me suis habitué à ce que quelques sons comme les S ou les C, les QUE, les K soit tout simplement non prononcés. Par exemple, le mot « shoes » (chaussures) devient « sho » ce qui fait penser à « show ». Dans la vidéo, vous verrez qu’Aji ne prononce pas le C de mon prénom, me voilà renommé « Mar ».. En Amérique du Sud, je m’appelais Marco ou Marcos, original de changer de prénom au fil du voyage.
Nous embarquons dans un pickup pour prendre le porteur Oudji et charger tout le matériel de bivouac : tentes, sacs de couchage, matelas, nombreux ustensiles de cuisine, et course pour les repas.
Nous redescendons du village de Seranu pour remonter vers le Rinjani par le chemin du trek. Le chemin fort défoncé, serpente dans de belles terrasses de rizières.
Nous voilà devant le panneau qui indique le départ. Je remplis et signe le registre d’entrée. Cette inscription est obligatoire pour monter, elle est vérifiée dans le registre des permis de trek qui est obligatoire pour monter. Gopro, un deuxième porteur nous rejoint.
Dès les premières enjambées nous passons devant un chantier collectif de récolte du riz. J’observe leur organisation et suis impressionné par la vigueur de leurs gestes. J’immortalise ces images. (à voir sur la vidéo).
Nous reprenons notre marche et arrivons dans des plantations de caféiers à l’abri de grands arbres et de bananiers. Ces plantations ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles de Côte d’Ivoire, d’Equateur, de Tanzanie et sans doute à toutes celles des pays de la ceinture équatoriale.
Puis nous montons, dans la « jungle », pour reprendre les mots d’Aji. Plus besoin de chapeau nous sommes dans un environnement fermé, très humide et glissant. Le chemin est raide.
Nous arrivons à la position 1, c’est à dire à un point habituel de pause. Nous y retrouvons les porteurs qui avaient débuté le portage en scooter. La pause boissons est la bienvenue. Ma chemise est déjà intégralement trempée, je ne comprends pas bien, Aji ne transpire pas d’une seule goutte. Est-ce son âge, 24 ans, un effort d’une grande facilité, une adaptation au climat ? Je vous laisse le soin de compléter cette liste d’options possibles.
Nous enchaînons d’une marche lente et difficile, ça glisse beaucoup, les marches de terre et d’herbe sont hautes et c’est pentu.
Position 2, pause. Nous discutons tous les quatre, pour déterminer la prochaine pause, position 33 ou position 44. Aji est l’interprète, le trait-d’union entre nous quatre.
Nous sortons de la jungle pour cheminer dans une « savane ». Il s’agit d’herbes hautes et denses, d’environ un mètre, à l’abri de grands arbres clairsemés. Même si nous sommes dans les nuages, la vue porte plus loin que dans la jungle, ça me ravi. Pour les avoir largement fréquentées dans des temps immémoriaux en Côte d’Ivoire, les jungles sont plutôt oppressantes et jonchées de végétation dans tous les sens qui nécessitent de l’attention pour y progresser. Nous montons et c’est de plus en plus raide. Nous entendons des mélodies d’oiseaux, disons une dizaine de chants différents. Aucun mammifère n’a montré le bout de son nez, nous pourrions apercevoir des singes macaques gris et noir, des porcs sauvages, … peut-être demain.
A la position 4, la pause déjeuner s’installe sous une bâche qui est consolidée et qui devra l’être tout au long de la pause car la pluie et le vent se sont invités. Je fais une courte sieste. Il fait frisquet avec des vêtements trempés, le vent et de mignonnes coulées d’eau un peu partout sous la bâche. Le cuisiner-porteur est très équipé en ustensiles. Il prépare le plat classique, un Nasi Goren : du riz légèrement frit, et me fait la version “intestins délicats” avec du riz blanc et un coca-cola (oui, vous avez bien lu, du coca). La pause s’éternise, les porteurs et le guide tablent sur une accalmie de la pluie.
Nous repartons pour la dernière étape. Ce déjeuner m’a donné la pêche. La vue est de plus en plus dégagée et nous distinguons le village de Seranu et l’océan.
Depuis le début, nous avons des échanges très intéressants et agréables avec Aji, sur nos familles, son cursus de guide, sa religion, mes comparaisons avec l’Afrique, … Les porteurs et lui-même, me remercient chaudement de venir dans cette saison creuse et de leur donner du travail.
Par une dernière montée très très raide, nous arrivons au camp de base, lieu de notre bivouac. Les porteurs ne tardent pas à arriver et le camp est installé rapidement. Je me réchauffe dans le sac de couchage et je m’abandonne dans les bras de Morphée.
Je ne vais plus ressortir de la tente, le vent a forci, la pluie ne cesse pas et je n’ai pas de vêtements secs pour sortir. Le dîner ne passe que moyennement. J’écris ces lignes dans une lessiveuse. Oudji et Gopro passent pour consolider la tente.
Il est 20h, dodo.
La nuit a été plus calme que ce que je craignais. Aji m’appelle à 6h30 et me demande de faire fissa pour aller voir le point de vue sur le sommet du Rinjani et des lacs de son cratère. C’est impressionnant. Un panache de fumée s’échappe d’une cheminée du cratère qui est en activité. Nous prenons notre temps pour les photos, les vidéos et les selfies. Aji me décrit le chemin qui mène au sommet à 3726 mètres. C’est le chemin, beaucoup plus difficile, qu’avaient emprunté Blandine et Simon en juillet 2024. Il n’est pas accessible à cette période de l’année car jugé trop dangereux à cause de la pluie, des tornades et de l’activité du volcan.
Aji aime cette montagne qu’il pratique beaucoup, il en parle avec émotion. La courte période de visibilité s’est déjà refermée. Nous avons eu de la chance, les journées précédentes, l’ensemble du volcan s’est caché derrière les nuages et la brume.
Nous allons prendre le petit déjeuner avec une vue assez dégagée vers le nord. Les pancakes aux bananes avec un bon thé sont très appréciés. Le camp est vite rangé, il faut dire que pas mal de détritus végétaux restent sur place, ce camp de base n’est pas des plus propres.
Le sentier très raide est délicat en descente. Chaque pas peut être l’occasion d’une glissade sur des herbes mouillées ou sur la terre détrempée. Les porteurs sont soit pieds nus soit avec des tongs appelées « flip flop ». Aji alterne pieds nus et « flip flop ». Je n’ai pas compté précisément mais il me semble que nous sommes ex æquo sur le nombre et la durée des glissades. Certaines nous amènent à poser le genou à terre voir à salir notre fessier. Nous arrivons à la position 3 où nous ne prenons que le temps d’étancher notre soif.
Nous retrouvons la jungle, ouf, ça va mieux, le sentier est moins raide et un peu moins glissant. La marche est plus reposante et nous la déroulons d’un pas plus ample. Cela ne nous empêche pas de glisser largement ce qui déclenche des rires. Les mammifères, en l’occurrence des Macaques noir se laissent apercevoir quelques secondes, ils ne sont que deux ce qui est surprenant, habituellement ils sont en famille d’une quinzaine ou trentaine de membres.
Nous repartons après une pause à la position 2. Nous sommes toujours dans la jungle mais la descente est plus facile. La vue s’éclaircit, nous distinguons la côte Nord de l’Ile de Lombok et le village de Seranu lieu d’habitation de l’équipe. Plus à l’ouest, nous admirons le chapelet des Îles Gili, qui sont très réputées pour leurs coraux et les bans de poisson, et bien sûr, prisées par les touristes adeptes du snorkeling.
Peu après la position 1, nous retrouvons les caféiers et aussi, à ma grande joie, des cabosses de cacao forts ressemblantes aux cabosses des autres pays producteurs. Nous croisons des planteurs sur leurs scooters, ils sont affairés aux plantations. Le chemin plus ou moins gravillonné et plus roulant même s’il est encore « facile » d’y glisser.
Nous rejoignons les porteurs et le chauffeur au point départ du trek, un déjeuner nous y attend. Nous avons dévalé les 1933 mètres à un bon train, je suis à nouveau trempé. Tous les quatre, nous sommes bien sûr très contents de ce trek, chacun sans doute pour des raisons différentes. Je distribue les pourboires aux deux porteurs et, bien sûr, à Aji, mieux loti et il le mérite amplement.
Quelques nombres : dénivelé +1933m., 8,96km, altitude maxi : 2601m.
Merci à Lise Cailleteau pour sa relecture.
Marc @marclegroux.
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