Un voyage, dans l’Hémisphère Sud
Mes parents nous ont fait saliver de leurs récits de voyage, nous ne pouvions les accompagner, cela rendait leurs récits encore plus mystérieux et captivants.
Dès le collège, j’ai pratiqué quotidiennement l’auto-stop pour éviter une grande boucle de 50 minutes en car scolaire, à 16 ans, j’allais visiter le Pays de Galles seul en stop, l’Allemagne a été aussi une destination prisée. Après mes études, je suis parti pour 18 mois travailler en Côte d’Ivoire avec le statut de Volontaire du Progrès et ai prolongé un an de plus. En revenant d’Afrique, j’ai poursuivi et ai été poursuivi par ce besoin de découvrir des pays et des civilisations, curieux et ébloui avec cette pensée en tête : « L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires » de Paulo Coelho.
Au fil des années, je me suis amusé à noter les lieux que je visitais (séjour d’au moins 48 heures). Une fois ces épingles posées sur une carte du monde, il est apparu que : la France et l’Europe étaient assez largement couvertes et qu’une sorte de ligne pointillée faisait un tour de l’hémisphère Nord .
Je me suis souvenu que j’avais vécu deux ans et demi en Côte d’Ivoire dans le village de Lakota en région de forêt, et que j’en avais profité pour visiter quelques pays de l’Afrique de l’Ouest, sans oublier que j’avais eu la chance de traverser le Sahara en train puis en camion-stop d’Abidjan à Evron en Mayenne en passant par l’Algérie (il serait impensable de le refaire aujourd’hui).
En revanche, aucun lieu en dessous de l’équateur ! L’hiver et l’été y sont inversés dit-on, l’eau ne s’écoule pas dans le même sens dans les éviers et les civilisations sont bien différentes. Au delà de ces clichés, cette ignorance de l’Hémisphère Sud ne pouvait durer plus longtemps. C’est décidé, je pars !
Cette découverte est prévue en 3 saisons : 6 mois en Amérique du Sud en 2022-2023, 3 mois en Afrique du Sud et de l’Est en 2023-2024 et 3 mois en Océanie en 2024-2025.
Je ne vous cache pas que l’Antarctique me fascine mais je n’ai pas encore trouvé la clef d’entrée… Soit dit en passant, je suis preneur de bonnes idées !
La saison 1 : l’Amérique du Sud
La première motivation de ce voyage est d’aller à la rencontre des Guyanais, Brésiliens, Chiliens, Argentins, Péruviens, Boliviens et Equatoriens. Pour que ces rencontres soient les plus riches possibles, la maitrise d’un certain niveau de la langue espagnole est devenue une obsession depuis que ce voyage est décidé. De mon point de vue, c’est la condition impérative pour que des échanges avec « madame et monsieur tout le monde » soient riches, authentiques et variés. Je me suis donné comme objectif de pouvoir tenir une conversation avec un voisin de bus pendant cinq, vingt, quarante minutes ou des heures avec un niveau de confort raisonnable pour mon interlocuteur. Je vous invite à lire le paragraphe dédié à cet apprentissage de l’espagnol dans l’article « préparation ».
Le choix des pays s’est fait en fonction de centres d’intérêt que des voyageurs m’ont mis en tête depuis longtemps comme la Terre de Feu, la Patagonie, les hauts plateaux andins, l’Aconcagua (sommet du continent), La Paz, la civilisation inca …
Sur le guide Lonely Planet « Big Trips Amérique du Sud », j’ai posé plus de 50 post-it de centres d’intérêt notamment avec de très beaux treks, des sites remarquables … J’ai ajouté des lieux concernant le culte de la Pachamama et la médecine traditionnelle. Si on prend en compte les distances et les temps de transport par voie terrestre ou maritime, ça faisait un programme d’au moins deux ans …
J’ai donc supprimé pas mal de « spots » très (trop) touristiques comme les îles Galapagos ou l’île de Pâques, les cascades extraordinaires ou les sanctuaires de faunes endémiques, les « riches patrimoines coloniaux » et me suis restreint à 7 pays.
Parcours et carte
Le parcours prévisionnel et itinérant est découpé en mois ou quinzaines. Il laisse de la place à de l’improvisation, des errances.
- 16 septembre 2022, Guyane avec Lise : Cayenne, Kourou, Est (Kaw, …), Ouest sur le fleuve Maroni
- Octobre, Brésil : fleuve Amazone jusqu’a Manaus, treks et bateaux dans la méandres de l’Amazone
- Octobre, Brésil : Rio de Janeiro
- Octobre, Argentine : Buenos Aires
- Novembre, Chili : bateau d’Ushuaïa à Punta Arenas par le Cap Horn, le détroit de Magellan, …
- Novembre, Chili : Trek O
- Novembre, Patagonie Argentine : El Calafate, glacier Perito Moreno, El Chaltén, Fitz Roy, Bariloche
- Décembre, Argentine : longue acclimatation puis ascension de l’Aconcagua (6962 m.), sommet des Amériques
- Janvier, Argentine, Chili, Bolivie en famille : Salta, hauts plateaux andins, Salar de Atacama, Salar Uyuni, …
- Janvier, Bolivie & Pérou avec Lise : La Paz, Lac Titicaca, Cuzco, chemin des Incas vers le Machu Picchu
- Février Pérou : Treks autour de Cuzco, Lima
- Mars, Equateur : Quito, treks : Cuicocha, volcan Fuya Fuya, …
Pachamama et médecine traditionelle
Le culte de la Pachamama et la médecine traditionnelle seront deux thèmes communs à l’ensemble du voyage.Des contacts ont été pris pour documenter ces deux thèmes. D’autres thèmes plus secondaires sont en gestation.
Dixit Wikipédia « La Pachamama (Terre-Mère), étroitement liée à la fertilité dans la cosmogonie andine, est la déesse-Terre dans certaines cultures présentes essentiellement dans l’espace correspondant à l’ancien empire inca. ». Plus globalement la relation à la terre est un sujet qui me tient à coeur de par mes origines. Pour alimenter ce thème, j’ai lu avec grand intérêt le récit « Sur les voies des Amériques » de Julien Defourny qui a documenté les échanges avec les ruraux lors de son voyage de 3 ans en Amérique du Sud.
Le thème de la médecine traditionnelle m’est venu lorsque j’ai découvert qu’elle était pratiquée dans les hôpitaux et dispensaires officiels d’Amérique du Sud. Il semble même que ça aille au-delà des peuples autochtones tels que les Mapuche du Chili.
Un voyage frugal
En fil rouge, de ce voyage, j’ai posé un principe de frugalité. J’espère pouvoir témoigner que le voyage peut être respectueux de l’environnement et dans un mode vie simple, rustique et proche des habitants. Plus concrètement, le sac ne contient que le strict minimum, la marche sera privilégiée, tout comme les transports collectifs en bateau et bus, l’avion sur le (grand) continent sud américain devrait être limité à deux vols. Les produits locaux seront le premier choix, le bivouac me sied parfaitement (j’ai constaté que plus les hôtels sont luxueux et plus ils isolent), l’autonomie électrique pour mes équipements photos, vidéos, … est assurée par un panneau solaire. Mais j’utiliserai des moyens de communication tels que smartphone, ordinateur, appareil / photo, balise GPS, ne serait-ce que pour partager la concrétisation de ce principe de frugalité. On en reparle !
Un témoignage
Au final, s’il fallait trouver une dernière bonne raison de partir, je citerai ce message reçu le 13 septembre 2022 d’un Bivoua’Coeur : « Pour info, j’ai suivi ton aventure GTA, lorsque j’étais clouté dans un lit d’hôpital suite à un AVC. De pouvoir suivre tes comptes-rendus et le rythme rapide de ton périple m’a beaucoup aidé. Aujourd’hui, j’en t’en remercie sincèrement ! »
NB : GTA = Grande Traversée des Alpes.
Un petit bonjour et au revoir dans les rues d’Angers
Emma-Jo Beauvallet pour Ouest-France